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En
quête de sensations intérieures et variées,
traduisant le réel, l’environnement ou tentant de transcrire
un univers fantastique, la peinture se veut avant tout l’expression
d’une liberté et une aventure singulière.
C’est cette aventure-là que l’espace Caliga nous offre en
partage à travers une exposition collective où talents
japonais, irakiens et tunisiens se rencontrent dans la passion et
la différence. Il s’agit des artistes plasticiens : Hédi
Osawa (Japon), Ali Ridha et Mohamed El Adhami (Irak) et Habib Bouhawel,
Adel Megdiche et Khaled Turki (Tunisie).
Des sujets d’une dimension intemporelle
On connaît son amour pour le dessin et particulièrement
pour la bande dessinée. On connaît aussi le don qu’il
a pour les réaliser.
Mais cette fois-ci, Habib Bouhawel se retrouve dans une écriture
renouvelée qui obéit toujours, cependant, à
sa première vocation, le figuratif.
Dans ses tableaux, la lumière est omniprésente avec
un ciel diaphane.
Un
espace infini se déploie autour des sujets, leur donnant
une dimension intemporelle.
La femme prédomine dans les tableaux de Bouhawel. Elle est
empreinte d’une certaine pudeur; et baigne dans des halos de lumière…Il
ne manquerait que de lui créer une histoire…
Grâce
et divinité
On ne peut, non plus, rester indifférent devant les sculptures
de l’artiste irakien Mohamed El Adhami.
Ce sont des femmes en bronze inspirant la douceur. On les sent quand
même habitées par quelque chose…
En les contemplant, elles nous semblent s’élever, (avec cette
aile sur la tête ou qui, parfois, la remplace) libérées
de toute pesanteur.
Elles flottent tout simplement, au-dessus de la matière,
mais semblent pourtant tenir à leurs racines.
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Leurs
courbes sont presque parfaites. Elles nous rappellent tout d’abord
les nymphes et les divinités de la Grèce antique,
s’arrêtant au bord d’un fleuve, secrètes et intouchables,
sensuelles et réservées.
Mystère et raffinement asiatiques
Les tableaux de Hédi Osawa révèlent la magie
de l’Asie. Le trait et le graphisme du dessin ne trompent pas.
Une palette dont l’orchestration, juste et raffinée, du trait
aux couleurs, évoque la beauté empreinte de mystère.
La lumière éclatante, ou tamisée, est au cœur
de cette création dont le lyrisme, toujours discret, est
servi par la subtilité des couleurs, nuancée de sensibilité.
A travers les sujets traités dans ses toiles (femme vêtue
d’un kimono ou un paysage du pays du Soleil levant), on est transporté,
de plein gré, dans un univers de mystères, de coutumes,
de beauté et de raffinement.
La danse des couleurs
Khaled Turki, lui, est parvenu à une synthèse. D’une
manière allusive, il esquisse le sujet qu’il construit rigoureusement,
se refusant à une description minutieuse.
Le dessin schématique indique l’essentiel et la gamme colorée
engendre la forme dans la multitude de ses accords.
Les rouge, bleu, ocre, ses harmonies tonales de prédilection,
travaillées par masses, se fondent, s’interpénètrent,
vibrent et créent des compositions vivantes, fougueuses,
personnelles, où la primauté est donnée à
la couleur qu’il maîtrise si bien.
Entre
autres toiles, celles en encre de Chine de Adel Megdiche sont une
pure merveille : justesse du trait et raffinement de «l’agencement».
Tout comme les œuvres de Ali Ridha (Irak) où la réalité
semble toujours surgir d’étranges circonvolutions de nuages
colorés, de constellations.
Le lyrisme habite ses œuvres, transfigure le réel et donne
aux sujets une allure fantastique.
Venues des méandres cachés de la mémoire et
de l’imagination, ces images d’un ailleurs insaisissable, ne laissent
pas indifférent.
Une exposition à voir absolument.
Ronz NEDIM
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