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Art,
lumière, rêve, expressions matérielle et immatérielle,
silence… Des voies et des voies qui permettent une irruption momentanée
dans le monde suprasensible, une retrouvaille avec la mémoire
affective, une réconciliation avec la conscience inintelligible;
une recherche éventuelle du temps perdu en faisant émerger
des vies antérieures ou des futurs encore imperceptibles,
et en provoquant une certaine désorganisation du temps, d’un
chrono systématiquement linéaire…
A la quête de ces brèches médiatrices, tout
autant par le biais de l’Art que de la littérature, et qui
permettent une traversée paisible vers un ailleurs indéfini,
vers un inconnu débouchant dans le nouveau, j’ai visité
l’espace artistique du peintre et dessinateur tunisien Habib Bouhawel.
Une volonté de réclusion incroyable afin de mettre
un pas au seuil du gîte de la Muse, si capricieuse, si lunatique,
car madame n’est pas toujours au rendez-vous ! La fragilité
de la création et le poids de l’engagement installent l’artiste
en dehors des bruits de la ville, de son atmosphère bruyante
et fracassante, néanmoins son repli sur soi est paradoxalement
ouvert sur l’autre et sur l’extérieur multiple, varié,
divergent...
Son
atelier correspond à un lieu d’enchantement qui peut réunir
les antipodes, qui peut transmuer délicatement les impressions,
les corps, les objets qu’il touche, en sensations de couleurs, ou
de trait, tout en mêlant le rêve à la réalité
et l’insaisissable au tangible. Une alchimie qu’il réussit
au moyen des couleurs et des rythmes, des expressions suggestives,
des anatomies nues comme une vérité, ces nus porteurs
d’une puissante charge émotive, porteurs d’états de
conscience révélés ou discrets, ou encore porteurs
de leur propre révolte.
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Le
travail de Habib Bouhawel se reconnaît d’emblée à
sa touche. Et cette touche se transforme immédiatement en
façonneur d’espace. Un espace propre au peintre, déroutant
et tout en mouvement. Ici, la peinture n’est ni figurative ni abstraite,
mais elle se définit comme une suite de sensations structurées
qui communiquent et interpellent comme dans un rêve, qui partent
d’un sujet-prétexte pour une évasion supérieure,
pour un envol mystique, et qui rejette l’anecdote. Toute peinture
est révélation, et toute révélation
est porteuse de ses propres clés, déchiffrables à
plusieurs niveaux.
Habib Bouhawel, est peintre mais éminemment dessinateur,
anatomiste, portraitiste, et combien c’est crucial de maîtriser
la technique, le savoir- faire, le bon dosage, la composition, la
ligne, le rythme, le mouvement… En effet, comme l’affirme cet artiste
«un peintre qui réserve une partie des cimaises au
dessin, possède sûrement du matériau brut à
livrer. Le dessin trahit les qualités de l’artiste, car il
livre à nu le créateur. C’est le préambule
de l’œuvre, une première approche spontanée, simple,
qui ne supporte pas d’artifices».
En ce moment, l’artiste Habib Bouhawel est sur un projet grandiose
qui verra le jour très bientôt, il prépare des
carnets de voyage, racontant le monde arabo-musulman, en ralliant
l’expression plastique à l’incantation du verbe, afin de
mettre en lumière et en couleur les villes charmeuses qui
l’ont emporté par leur beauté très singulière.
Il présente ainsi son premier carnet intitulé «le
Chemin de Damas» comme étant le fruit d’«une
expérience quasi mystique dans cette ville très suggestive
et propice au regard du peintre.»
Habib Bouhawel prépare aussi sa prochaine exposition qui
aura lieu à l’espace Caliga à El Menzeh 6, le 15 mai
2010, et qui portera comme à l’accoutumée sur des
expressions variées, huile, aquarelle, pastel et dessin…
Faïza MESSAOUDI JAMLI
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