Dossier de presse
     
 
  La Presse, mai 2010

Quand on a que l'Art, on partage...
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Art, lumière, rêve, expressions matérielle et immatérielle, silence… Des voies et des voies qui permettent une irruption momentanée dans le monde suprasensible, une retrouvaille avec la mémoire affective, une réconciliation avec la conscience inintelligible; une recherche éventuelle du temps perdu en faisant émerger des vies antérieures ou des futurs encore imperceptibles, et en provoquant une certaine désorganisation du temps, d’un chrono systématiquement linéaire…

A la quête de ces brèches médiatrices, tout autant par le biais de l’Art que de la littérature, et qui permettent une traversée paisible vers un ailleurs indéfini, vers un inconnu débouchant dans le nouveau, j’ai visité l’espace artistique du peintre et dessinateur tunisien Habib Bouhawel. Une volonté de réclusion incroyable afin de mettre un pas au seuil du gîte de la Muse, si capricieuse, si lunatique, car madame n’est pas toujours au rendez-vous ! La fragilité de la création et le poids de l’engagement installent l’artiste en dehors des bruits de la ville, de son atmosphère bruyante et fracassante, néanmoins son repli sur soi est paradoxalement ouvert sur l’autre et sur l’extérieur multiple, varié, divergent...


Son atelier correspond à un lieu d’enchantement qui peut réunir les antipodes, qui peut transmuer délicatement les impressions, les corps, les objets qu’il touche, en sensations de couleurs, ou de trait, tout en mêlant le rêve à la réalité et l’insaisissable au tangible. Une alchimie qu’il réussit au moyen des couleurs et des rythmes, des expressions suggestives, des anatomies nues comme une vérité, ces nus porteurs d’une puissante charge émotive, porteurs d’états de conscience révélés ou discrets, ou encore porteurs de leur propre révolte.

 

Le travail de Habib Bouhawel se reconnaît d’emblée à sa touche. Et cette touche se transforme immédiatement en façonneur d’espace. Un espace propre au peintre, déroutant et tout en mouvement. Ici, la peinture n’est ni figurative ni abstraite, mais elle se définit comme une suite de sensations structurées qui communiquent et interpellent comme dans un rêve, qui partent d’un sujet-prétexte pour une évasion supérieure, pour un envol mystique, et qui rejette l’anecdote. Toute peinture est révélation, et toute révélation est porteuse de ses propres clés, déchiffrables à plusieurs niveaux.

Habib Bouhawel, est peintre mais éminemment dessinateur, anatomiste, portraitiste, et combien c’est crucial de maîtriser la technique, le savoir- faire, le bon dosage, la composition, la ligne, le rythme, le mouvement… En effet, comme l’affirme cet artiste «un peintre qui réserve une partie des cimaises au dessin, possède sûrement du matériau brut à livrer. Le dessin trahit les qualités de l’artiste, car il livre à nu le créateur. C’est le préambule de l’œuvre, une première approche spontanée, simple, qui ne supporte pas d’artifices».
En ce moment, l’artiste Habib Bouhawel est sur un projet grandiose qui verra le jour très bientôt, il prépare des carnets de voyage, racontant le monde arabo-musulman, en ralliant l’expression plastique à l’incantation du verbe, afin de mettre en lumière et en couleur les villes charmeuses qui l’ont emporté par leur beauté très singulière. Il présente ainsi son premier carnet intitulé «le Chemin de Damas» comme étant le fruit d’«une expérience quasi mystique dans cette ville très suggestive et propice au regard du peintre.»
Habib Bouhawel prépare aussi sa prochaine exposition qui aura lieu à l’espace Caliga à El Menzeh 6, le 15 mai 2010, et qui portera comme à l’accoutumée sur des expressions variées, huile, aquarelle, pastel et dessin…

Faïza MESSAOUDI JAMLI